Benkadi
Praktika
Suite à cinq années passées en Afrique de l’Ouest, le producteur et DJ français Jérôme Fouqueray, plus connu sous le nom de Praktika, dévoile Benkadi, son tout premier album. Un disque façonné avant tout par des rencontres avec les musiciens, les relations humaines et « cette vie qui est complètement différente de la nôtre ».
Praktika dévoile une pièce manifestement humaine et intimiste dont la tracklist à elle seule sonne déjà comme un voyage en sac à dos. On se pose à Bobo-Dioulasso pour boire une bière (le fameux « Tchapalo »), puis on entend les ferronniers du marché de Bamako frapper le métal, avant d’attraper un bus qui nous mènera à Ségou.
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Shapes of the Fall
Piers Faccini
Dans chaque album de Piers Faccini résonne une inquiétude environnementale dans laquelle il se nourrit autant de l’héritage anglo-américain, des traditions de la Méditerranée, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest que de la musique ancienne ou baroque. Sur Shapes of the Fall (les formes de chute), son neuvième album, l’artiste se penche sur notre monde en cours d’effondrement, observé par un homme qui vient d’entrer dans sa cinquantième année.
Son titre « Dunya » nous rappelle incontestablement les chants soufis, tandis qu’ « All Aboard », en collaboration avec Ben Harper ainsi qu’Abdelkebir Merchane, permet d’effectuer une relecture écologique et moderne de l’Arche de Noé. Piers Faccini affirme ainsi : « Nous préférerions laisser notre maison, notre planète, notre propre paradis brûler devant nous plutôt que d’embrasser un nouveau récit vert et d’embarquer tous ensemble vers un chemin nous évitant un scénario apocalyptique. »
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Navegar
João Selva
Pour son deuxième album, l’artiste met en symbiose disco, jazz et funk, tout en demeurant fidèle à un esprit brésilien, cadencé par les rythmes irrésistibles du forró, du kompa, du funaná ou encore du semba. Cette oeuvre semble proche de la « saudade », ce sentiment mélancolique de rêverie et de désir d’un bonheur à la fois doux et amer. Des chansons comme « Tudo vai dar pé » ou « Camará » sont des odes à l’espoir de jours meilleurs tout en dénonçant la tyrannie de l’actuel président. João Selva collabore également avec Flavia Coehlo ou encore Patchworks. Un hommage à l’Atlantique noir.
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An Insight To All Minds
Kaidi Tatham
Suite à son album It’s A World Before You, paru en 2018, l’artiste britannique consacre An Insight To All Minds à l’empathie : « Rien dans ce monde ne peut vous tourmenter autant que vos propres pensées… Nous passons tous par là. Nous pouvons tous ressentir ce que notre prochain ressent, croyez-le ou non. Il s’agit d’apprendre à s’en servir. » Celui qui est surnommé le « Herbie Hancock du Royaume-Uni » par Benji B, producteur et animateur à la BBC Radio 1, a concocté un album très riche, entre breakbeat, jazz-funk, percussions, samba ou encore deep afro house. Il poursuit ses collaborations avec d’autres artistes, à l’instar d’Amy Winehouse il y a plusieurs années, avec Uhmeer ou encore Stro Elliot. Un nouveau souffle pour la scène musicale britannique.
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Ritmo
Vhoor
Le producteur brésilien propose sa septième sortie en moins d’un an, en hommage aux rythmes Coco, genre musical et danse très présente durant les fêtes populaires du Nord brésilien. « Mon approche sur cette sortie était de montrer que la musique folklorique est toujours enracinée dans le son que l’on fait aujourd’hui ». Il s’inspire notamment des communautés Quilombola, colonies fondées par des esclaves en fuite, un phénomène souvent négligé de la culture afro-brésilienne que le beatmaker a voulu mettre en exergue en mariant l’essence de ces sons à la musique électronique qui lui est propre. S’il est réputé pour son interprétation fraîche et moderne du baile funk, Vhoor est aussi à l’aise avec le hip-hop et la trap, et se considère comme un « beatmaker brésilien et afro-latin par-dessus tout » qui absorbe tous les styles de musiques que son immense pays peut lui offrir, s’appropriant « les influences ancestrales que chaque genre a en commun ».
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Jazz Is Dead 006
Gary Bartz, Adrian Younge & Ali Shaheed Muhammad
Gary Bartz, figure importante de la Great Black Music, poursuit son aventure de saxophoniste au sein du label Jazz Is Dead, produit par ses admirateurs Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Cet artiste âgé de 80 ans nous dévoile un enchevêtrement d’influences, depuis les années 60 : bepop, hard bop, free jazz, spiritual jazz, soul jazz, jazz funk, fusion ou encore acid jazz. Adrian Younge décrit ainsi cette collaboration : « Collaborer avec Gary Bartz a littéralement, pour nous, illustre toute l’esthétique derrière Jazz Is Dead. C’est un phare pour nous, qui a énormément contribué à notre culture musicale, durant des décennies. Son habileté musicale ne cesse de se développer, l’âge avançant, et on est honoré de faire partie de son univers désormais. »
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Straight from the decks 2
Guts
Suite au succès de la série Beach Diggin’, puis du premier volume de la compilation Straight From The Decks, Guts revient avec un deuxième volume, fier de sa « quête d’une nouveauté ou d’une rareté oubliée ». Il lutte également contre le « rouleau compresseur numérique qui écrase le rythme pourfixer le tempo en laissant derrière lui un batteur à l’agonie dont le seul crime est de s’être laissé emporter par son énergie ». Célébrant les imperfections au sein des DJ sets, Guts est ravi de présenter seize titres, disponibles en vinyle, dont des raretés acquises durant des « batailles d’enchères éprouvantes ». Un projet afro-tropical qui tombe à pic, avec l’arrivée du printemps, entre les Néerlandais The Dutch Benglos, les Français Voilaaa, le Ghanéen Pat Thomas ou encore le Franco-camerounais Pat Kalla.
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Burkina Hakili
Kady Diarra
Pour son troisième album, l’artiste burkinabè prône une sorte d’universalisme des différences, en affirmant son humanisme, tout en célébrant ses racines plurielles et ouest-africaines. Kady Diarra réussit ainsi à intégrer une tradition millénaire au sein d’une modernité mondialisée. Elle y chante en cinq langues différentes : le bambara, le bwaba, le dioulaba, le moré et le français, à l’image de la pluralité de « l’esprit du Burkina », comme l’indique le nom de l’album, du panafricanisme de Thomas Sankara à l’hommage consacré à son ascendance lointaine de griots, mais aussi et surtout à sa famille spirituelle Niamakara, une caste d’artistes tisserands. Ses neveux Moussa Koita, Samba Diarra et Mabouro Diarra y jouent plusieurs instruments, pendant que sa fille Assetou Koita l’accompagne dans les choeurs. L’esprit de transe envahit le titre « Sou » (La nuit), tandis que « Mousso » célèbre la féminité en puisant dans la tradition bambara.
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